Depuis quelques années, beaucoup d’innovations hardies ont été faites en France dans le Scoutisme. Leur intérêt n’est pas contestable, mais certains sont inquiets de ce nouveau visage et se demandent si les pédagogies proposées s’accordent encore avec la méthode essentielle du Scoutisme.
Certes le monde évolue et la jeunesse actuelle n’a plus les mêmes goûts ni le même mode de vie qu’à l’époque où le Scoutisme fut fondé. Mais on peut mettre à jour bien des activités sans pour cela changer la méthode, si cette méthode est considérée comme toujours valable.
Or précisément, ce qui fait la valeur universelle du Scoutisme, c’est que son fondateur, Baden-Powell, a su discerner, entre toutes les contingences, les données fondamentales de la nature du garçon. D’où le succès de sa méthode, quelles que soient les circonstances de temps ou de lieu.
Ayant eu le privilège d’étudier à sa source cette méthode, puis ayant été officiellement accrédités pour l’enseigner en France, nous nous sommes réunis pour tenter de dégager ce qui est vraiment essentiel et permanent dans la méthode scoute, tout en esquissant une évolution possible de certaines activités.
D’où cette brochure, qui n’a d’autre but que de rappeler la doctrine de base du Scoutisme telle que Baden-Powell l’a conçue et que les fondateurs catholiques français l’ont adaptée à notre pays.
Définition générale :
- Le Scoutisme est une méthode d’éducation chrétienne et civique des jeunes par le respect de la Loi Scoute, l’emploi du Système des Patrouilles, et la pratique du jeu et de la vie dans la nature.
Cette méthode se considère, aux côtés de l’école, comme complémentaire de la famille, responsable de l’enfant au premier chef. Elle est cependant complète, en ce sens qu’elle veut éduquer l’homme entier, corps, esprit et âme et qu’elle attache une importance essentielle, non seulement à la formation personnelle, mais à la formation de l’homme social et du futur citoyen. Elle est enfin active, car elle incite le jeune à prendre en charge sa propre éducation dans un cadre approprié à ses besoins et à ses forces.
- Le Scoutisme croit au destin personnel et surnaturel de chaque homme et à sa vocation communautaire.
Il refuse en conséquence toute conception philosophique ou sociale qui sacrifie la personne à la société. D’inspiration chrétienne, il a été fortement marqué par les fondateurs français catholiques d’une spiritualité rayonnante qui apparaît dès le premier principe : « Le Scout est fier de sa Foi et lui soumet toute sa vie. » Cependant, le Scoutisme distingue le temporel du spirituel sans les confondre ni les séparer : les Chefs Scouts sont des laïcs auxquels les parents des jeunes ont délégué une part de leur autorité. Ces Chefs se réfèrent aux droits et devoirs des laïcs dans la société où ils rendent au pouvoir spirituel comme au pouvoir temporel ce que leur doit tout baptisé et tout citoyen. Ces notions sont clairement exprimées par les deux autres principes : « Le Scout est fils de France et bon citoyen » ; « Le devoir du Scout commence à la maison ».
- La Loi Scoute comprend une série de préceptes positifs et définit le Scout comme étant fidèle à sa parole, pur, loyal, obéissant, fraternel, courtois et chevaleresque, aimant dans la nature l’œuvre de Dieu, aimant son prochain et toujours prêt à le servir. Elle est le pilier central de la méthode, et toute altération de la Loi doit être considérée comme une déviation de la finalité du Scoutisme. Après une période probatoire, le jeune Scout s’engage par la Promesse, acte personnel et libre, à observer la Loi.
- Le système des Patrouilles met en œuvre le principe de l’éducation active du garçon par le garçon. Une Patrouille est une équipe indissociable de 7 à 8 garçons sous la conduite de l’un d’eux, le Chef de Patrouille, plus expérimenté et généralement plus âgé. Les Chefs de Patrouille, personnellement responsables de leurs garçons, sont associés au Scoutmestre pour partager les responsabilités de la Troupe. A l’intérieur de la Patrouille, chaque Scout prend des responsabilités personnelles et précises, selon ses aptitudes et ses goûts. Plusieurs Patrouilles constituent une Troupe, dirigée par un Scoutmestre assisté d’un Aumônier. Le gouvernement d’une Troupe se fait au moyen d’une Cour d’Honneur et d’un Conseil des Chefs. La première a pour objet de s’assurer que la Troupe dans son ensemble, et chaque Scout en particulier, progressent bien dans la ligne de l’idéal scout. Le second organise la vie et les activités de la Troupe.
- Le jeu et la vie dans la nature sont essentiels au Scoutisme. Le jeu est l’activité instinctive du garçon. Exercé en plein air, il améliore sa santé, lui enseigne la discipline et l’esprit d’équipe, accroît l’acuité de ses sens, développe ses facultés d’observation, rétablit son équilibre nerveux, exerce sa capacité de décision. La vie dans la nature est d’abord compréhension de l’œuvre de Dieu, mais aussi, par le Camp, école d’énergie, de dépouillement, de savoir-faire, d’entraide fraternelle. C’est au Camp que la vie scoute trouve sa plénitude.
- Les principes et méthodes du Scoutisme tendent vers cinq buts, définis par les fondateurs : Santé, Caractère, Service, Habileté technique, Sens de Dieu. Si les quatre premiers visent à former un homme physiquement robuste, au caractère bien trempé, voué au service des autres et techniquement capable, le dernier, la recherche du Dieu vivant, est le but suprême de la formation scoute.
- Le Scoutisme comprend trois branches : Louveteaux, Éclaireurs, Routiers. Cette articulation, imaginée par Baden-Powell, correspond à trois étapes naturelles de l’évolution du garçon, aussi bien sur le plan physiologique que sur le plan psychologique. D’une branche à l’autre, il y a continuité du Scoutisme dans ses principes, ses méthodes et ses buts, chaque branche n’étant qu’une adaptation des activités scoutes à l’étape considérée, enfance, adolescence, entrée dans la vie d’homme.
Après avoir lu chaque définition de branche, vous constaterez en conclusion que le Scoutisme doit sa valeur et son succès au fait qu’il a su proposer, à partir d’une synthèse harmonieuse de données naturelles et spirituelles, une pédagogie parfaitement adaptée à la nature profonde des garçons et jeunes gens.
Là où d’autres excellentes pédagogies se révèlent à l’usage vulnérables au temps, parce qu’elles se dessèchent ou se déforment, celle dont nous avons rappelé les bases fondamentales échappe au vieillissement : elle est en effet constamment renouvelée et vivifiée par l’esprit, l’esprit des garçons eux-mêmes, qui n’est autre qu’un permanent appel vers le haut.
Les tendances essentielles de l’adolescent de tous les temps et de tous les horizons sont marquées par ce besoin de l’altitude. Un appel mystérieux, une impatience active soulèvent le meilleur de lui-même vers un monde où les nourritures terrestres, non méprisées pourtant, ne suffisent pas à assouvir sa faim d’absolu.
Aussi bien le terme « éduquer » signifie-t-il conduira vers l’avant, vers le haut. C’est diriger l’enfant dans le sens de cet instinct placé en lui par la main de Dieu. C’est l’orienter vers le dépassement de soi, les qualités élevées franchise, dévouement, pureté.
Baden-Powell et les fondateurs catholiques français ont compris qu’une telle éducation, pour être vraie, libre, efficace et devenir cette montée fidèle à l’appel intérieur, doit être consentie par le garçon, prise en charge par lui-même. Ils ont donc placé le Jeu Scout, la vie des Patrouilles, le Camp, les Techniques, dans la lumière d’un esprit, l’esprit scout, qui éclaire et sublime la méthode. C’est un esprit de droiture, de générosité, de courtoisie souriante. C’est par-dessus tout un esprit d’honneur. Honneur du garçon qui s’engage, par la Promesse, à respecter les trois Principes, à être fidèle à la Loi Scoute « s’il plaît à Dieu, toujours », à prononcer la prière scoute.
On peut affirmer que le Scoutisme, dans sa pédagogie, dans son esprit, garde tout son attrait sur l’enfant, le garçon, le jeune homme, aux trois âges du merveilleux, de l’aventure, de la résolution, à condition d’être présenté et animé par des chefs ardents, convaincus et compétents.
Cependant il est à prendre en entier, dans l’ensemble de ses formules originales, sans omission ni modification de l’essentiel de ses principes, buts et méthodes, ni de l’esprit qui les anime, sous peine de n’être plus du Scoutisme.